[périodique] Voir les bulletins disponibles Rechercher dans ce périodique Titre : | Le Moderniste illustré : paraissant tous les samedis / dir. André Henry ; rédaction en chef G. Albert Aurier | Titre original : | Revue littéraire | Type de document : | texte imprimé | Auteurs : | G.-Albert Aurier, Fondateur ; André Henry, Fondateur ; Gaston Lapierre, Fondateur ; André Henry, Directeur de publication ; G.-Albert Aurier, Rédacteur en chef ; Gaston Lapierre, Secrétaire de rédaction ; H. Rousson, Gérant ; Reda, Imprimeur | Année de publication : | 1889 | Langues : | Français (fre) | Périodicité : | Hebdomadaire | Prix : | Le n°= 20 centimes ; Abonnement annuel = 12 fr | Couvertures : | Couverture en noir et blanc, illustrée comprenant les mentions de titre et de date | Adresse : | Direction et administration : 53, passage Jouffroy. Pour tout ce qui concerne la rédaction : M. G. Albert, 83 rue des Martyrs. | Numéros parus : | 23 | Histoire de la revue : | La publication s'interrompt le 28 septembre 1889 pour des raisons économiques. | Déclaration d’intention : | BONIMENT INITIAL BÉNÉVOLES LECTEURS, DE tout bout de papier typographié qui veut, lui aussi, se lancer dans la vertigineuse valse que valsent, au vent de la fantaisiste vogue parisienne, les vieilles feuilles publiques, l'USAGE, ce caduc empêcheur de danser en rond, ce rogue commissaire de bal, mal élevé comme un douanier, exige l'oblation humble d'un bonimenteux passeport où soient consignés, en style de garde champêtre, les noms, qualités, opinions, croyances, religions, convictions, haines, sympathies, intentions, tendances, du nouveau venu, et, ainsi qu'on dit : SON BUT!... Eh bien! pour une fois, mais pour une fois, seulement., le moderniste, ce tout juvénil débutant, dont personne au boulevard ne sait encore même le nom, le moderniste, ce paradoxal élégant, que nous vous présentons, ce preste Pierrot, hilare, splénétique, fumiste, macabre, logiquement incohérent, dont le frac azur et les culottes lèvres-de-pucelles sont élaborés par le conjectural Tailleur de toutes les exquisités futures, le moderniste, cet enragé chercheur d'artisteries rares, ce passionné dilettante des joailleries néo-byzantines d'après-demain, ce féroce contempteur des habiles pasticheries, des académies, des écoles frigorifiques, des casques héroïques, des cnémides démodées, des moyen ageux bric-à-brac, des moules (dans le sens qu'il vous plaira), des copies et des Coppées, des conventions, des traditions, de toutes les ambiantes banalités, ce railleur plus superfinement sceptique que Montaigne, plus précieusement détraqué que Des Esseintes, le moderniste, cet inquiet astrologue des comètes du prochain siècle, condescendra jusqu'à obéir à l'USAGE, jusqu'à se placarder sur la poitrine le manifeste que voici : « Candide Public, « Ne t'avise point de contester mon utilité. Car, je veux être, car je serai le représentant consciencieux, et incontestablement très utile, de toutes les Inutilités Vitales. Je t'entends déjà coasser un railleur : « Qu'c'est qu'ça?? » Les Inutilités vitales, bon public, c'est tout ce qui différencie ou qui devrait différencier ton existence de celle des singes anthropomorphes, c'est l'Art, c'est la Poésie, ce sont les indispensables superflus, les luxes vains, les bijouteries du corps et de l'âme, les subtiles élégances, les émaux miroitants des absurdes fantaisies, les modes inutiles, les délicates mondanités, toutes les futiles et savantes parisienneries, toutes les illusoires promenades dans la lune!... Je préfère les bisques doctoralement combinées par le célèbre Un Tel, à toutes les soupes au chou des fouchtri de fouchtra... Je te vois venir, brave Public, vieux collectionneur maniaque, amoureux des classifications et des étiquettes : tu vas me demander quelle théorie je professe à l'égard de ces tant belles choses précédemment énumérées ? - Aucune, te répondrai-je, aucune - si ce n'est, pourtant, celle-ci, qui, avoue-le, n'est presque pas une théorie : En toutes matières, aussi bien en art que dans la vie matérielle, je hais les copieurs, j'estime les chercheurs, j'adore les trouveurs. Cravacher ou blaguer les premiers, encourager les seconds, signaler les troisièmes à ta souvent myope admiration, te tenir au courant de tout ce qui se passe, ou même de tout ce qui se passera, te donner à délecter des proses, autant que possible, jamais banales, des vers ciselés en un métal autre que le pacotilleux ruoltz du passage Choiseul, réjouir ta vue par de mirobolants croquis, parfois te suggérer de substantifiques ratiocinations, et parfois zigzaguer d'un sourire rose le ciel de tes heures mélancoliques telles sont mes ambitions, telle est ma raison d'être et de paraître... » A toi, terrible Public, de décider ce que vaut ce programme! G. ALBERT AURIER. | Liens : | http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb32817642h/date |
[périodique] Voir les bulletins disponibles Rechercher dans ce périodique Le Moderniste illustré = Revue littéraire : paraissant tous les samedis / dir. André Henry ; rédaction en chef G. Albert Aurier [texte imprimé] / G.-Albert Aurier, Fondateur ; André Henry, Fondateur ; Gaston Lapierre, Fondateur ; André Henry, Directeur de publication ; G.-Albert Aurier, Rédacteur en chef ; Gaston Lapierre, Secrétaire de rédaction ; H. Rousson, Gérant ; Reda, Imprimeur . - 1889. Langues : Français ( fre) Périodicité : | Hebdomadaire | Prix : | Le n°= 20 centimes ; Abonnement annuel = 12 fr | Couvertures : | Couverture en noir et blanc, illustrée comprenant les mentions de titre et de date | Adresse : | Direction et administration : 53, passage Jouffroy. Pour tout ce qui concerne la rédaction : M. G. Albert, 83 rue des Martyrs. | Numéros parus : | 23 | Histoire de la revue : | La publication s'interrompt le 28 septembre 1889 pour des raisons économiques. | Déclaration d’intention : | BONIMENT INITIAL BÉNÉVOLES LECTEURS, DE tout bout de papier typographié qui veut, lui aussi, se lancer dans la vertigineuse valse que valsent, au vent de la fantaisiste vogue parisienne, les vieilles feuilles publiques, l'USAGE, ce caduc empêcheur de danser en rond, ce rogue commissaire de bal, mal élevé comme un douanier, exige l'oblation humble d'un bonimenteux passeport où soient consignés, en style de garde champêtre, les noms, qualités, opinions, croyances, religions, convictions, haines, sympathies, intentions, tendances, du nouveau venu, et, ainsi qu'on dit : SON BUT!... Eh bien! pour une fois, mais pour une fois, seulement., le moderniste, ce tout juvénil débutant, dont personne au boulevard ne sait encore même le nom, le moderniste, ce paradoxal élégant, que nous vous présentons, ce preste Pierrot, hilare, splénétique, fumiste, macabre, logiquement incohérent, dont le frac azur et les culottes lèvres-de-pucelles sont élaborés par le conjectural Tailleur de toutes les exquisités futures, le moderniste, cet enragé chercheur d'artisteries rares, ce passionné dilettante des joailleries néo-byzantines d'après-demain, ce féroce contempteur des habiles pasticheries, des académies, des écoles frigorifiques, des casques héroïques, des cnémides démodées, des moyen ageux bric-à-brac, des moules (dans le sens qu'il vous plaira), des copies et des Coppées, des conventions, des traditions, de toutes les ambiantes banalités, ce railleur plus superfinement sceptique que Montaigne, plus précieusement détraqué que Des Esseintes, le moderniste, cet inquiet astrologue des comètes du prochain siècle, condescendra jusqu'à obéir à l'USAGE, jusqu'à se placarder sur la poitrine le manifeste que voici : « Candide Public, « Ne t'avise point de contester mon utilité. Car, je veux être, car je serai le représentant consciencieux, et incontestablement très utile, de toutes les Inutilités Vitales. Je t'entends déjà coasser un railleur : « Qu'c'est qu'ça?? » Les Inutilités vitales, bon public, c'est tout ce qui différencie ou qui devrait différencier ton existence de celle des singes anthropomorphes, c'est l'Art, c'est la Poésie, ce sont les indispensables superflus, les luxes vains, les bijouteries du corps et de l'âme, les subtiles élégances, les émaux miroitants des absurdes fantaisies, les modes inutiles, les délicates mondanités, toutes les futiles et savantes parisienneries, toutes les illusoires promenades dans la lune!... Je préfère les bisques doctoralement combinées par le célèbre Un Tel, à toutes les soupes au chou des fouchtri de fouchtra... Je te vois venir, brave Public, vieux collectionneur maniaque, amoureux des classifications et des étiquettes : tu vas me demander quelle théorie je professe à l'égard de ces tant belles choses précédemment énumérées ? - Aucune, te répondrai-je, aucune - si ce n'est, pourtant, celle-ci, qui, avoue-le, n'est presque pas une théorie : En toutes matières, aussi bien en art que dans la vie matérielle, je hais les copieurs, j'estime les chercheurs, j'adore les trouveurs. Cravacher ou blaguer les premiers, encourager les seconds, signaler les troisièmes à ta souvent myope admiration, te tenir au courant de tout ce qui se passe, ou même de tout ce qui se passera, te donner à délecter des proses, autant que possible, jamais banales, des vers ciselés en un métal autre que le pacotilleux ruoltz du passage Choiseul, réjouir ta vue par de mirobolants croquis, parfois te suggérer de substantifiques ratiocinations, et parfois zigzaguer d'un sourire rose le ciel de tes heures mélancoliques telles sont mes ambitions, telle est ma raison d'être et de paraître... » A toi, terrible Public, de décider ce que vaut ce programme! G. ALBERT AURIER. | Liens : | http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb32817642h/date |
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