PRELIA
Petites REvues de LIttérature et d'Art
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Détail de l'éditeur
Éditeur Mercure de France
localisé à Paris
15, rue de l'Echaudé
75000 Paris
France
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Titre : Mercure de France Type de document : texte imprimé Auteurs : Alfred Vallette, Fondateur ; Jules Renard, Fondateur ; Albert Samain, Fondateur ; Remy de Gourmont, Fondateur ; Louis Dumur, Fondateur ; Louis Denise, Fondateur ; Ernest Raynaud, Fondateur ; Edouard Dubus, Fondateur ; Julien Leclercq, Fondateur ; G.-Albert Aurier, Fondateur ; Jean Court, Fondateur ; Georges Duhamel, Directeur de publication ; Jacques Bernard, Directeur de publication ; Paul Hurtmann, Directeur de publication ; Alfred Vallette, Directeur de publication ; Alfred Vallette, Gérant ; Rougier, Imprimeur ; Camille Dillet, Imprimeur ; A. Davy, Imprimeur ; Mercure de France (128, rue d'Alésia, Paris, France), Imprimeur ; Alfred Vallette, Rédacteur en chef Editeur : Paris [France] : Mercure de France Autre Editeur : Librairie Gallimard Langues : Français (fre) Mots-clés : art et littérature, symbolisme, avant-garde Comité de rédaction : Alfred Valette, Jules Renard, Albert Samain, Rémy de Gourmont, Louis Dumur, Louise Denise, Ernest Raynaud, Edouard Dubus, Julien Leclercq, Albert Aurier, Jean Court, Laurent Tailhade, Charles Merki, Gaston Danville, Saint-Pol-Rous, Pierre Quillard, Ferdinand Herold, Raoul Minhar, Rachilde. Périodicité : Mensuelle puis bimensuelle (à partir de 1905). Tirage : 1000 exemplaires selon la notice du dépôt légal de novembre 1893 (imprimerie A. Davy, exemplaire présent sur Gallica http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k105150k/f12.image ) Prix : 40c (1865-1892), 1Fr (1892-1908), 2Fr50c (1920), 3Fr50c (1925), 5Fr (1931), 6Fr50c (1938). Nombre de pages : 32 (1890), 64 (1891), 98 (1892-1894), 130 (1895-1896), 200 (1896-1897), 300 environ (à partir de 1898). Couvertures : Mercure dans les nuées portant ses attributs avec un ruban VIRES ACQUIRIT EVNDO (1890-1938), Caducée apparition de la couleur violet mercuriel appliquée au titre de la revue et l'illustration (à partir de 1948). Illustrations : Illustrations (gravures) en tête ou en fin de certains articles (hors revue du mois), pour combler les vides. Publicités : En fin de revues, peuvent être illustrées (annonces d'éditeurs, de librairies ou de papeteries). Adresse : 15, rue de l'Echaudé - Saint-Germain - Paris (1890-1908)./26, rue de Condé - Paris 6e (à partir de 1908). Numéros parus : Environ 1220. Histoire de la revue : La revue dirigée par Vallette arbore un titre dont l’histoire remonte au XVIIe siècle, avec le « Mercure Galant », créée par Jean Donneau de Visé, paraissant une fois par semaine. La revue avait pour objectif d’informer le public sur divers sujets et de publier des poèmes et des historiettes. Son symbole est celui du dieu Mercure avec son casque ailé et le caducée tenu dans la main de la divinité. Ce motif demeurera le « logo » de la revue. De 1724-1823 la revue devient Le Mercure de France, dédié au roi. La revue cesse d’exister en 1825 ; le titre est repris de 1835 à 1882 par un périodique mensuel. En 1890, une nouvelle revue est fondée sous ce titre par Alfred Vallette avec ses amis symbolistes Jean Moréas, Emile Raynaud, Pierre Arène, Remy de Gourmont, Albert Samain et Charles Cros. Le 1er numéro paraît le 1er janvier 1890 et son succès ne va cesser de croître car le contenu est considéré comme sérieux, ouvert sur les différents arts de l'époque, avec une certaine liberté des propos. La revue publie des textes de jeunes littéraires d’avant-garde. A partir de 1905, la revue devient bimensuelle. Le créateur de la revue se marie avec la romancière Rachilde qui joue un rôle important dans le succès du Mercure de France. Puis la revue lance une maison d’édition pour aider les intellectuels d’avant-garde à faire connaître leurs idées. On y trouve des textes de nombreux auteurs d’avant-garde de l’époque comme des symbolistes, des études d’ouvrages, mais aussi des traduction de textes de Nietzsche. Georges Duhamel reprend la direction de Mercure de France en 1935. Il déclara en 1936 que « Si Le Mercure de France n'existait pas, il y aurait un chaînon qui manquerait dans la suite intellectuelle française. ». Mais envahi par une quantité de travail, il laisse rapidement sa place à Jacques Bernard en 1938. Ce dernier met en place des mesures de collaboration sous l’occupation afin de pouvoir continuer à publier la revue. Mais après la guerre, il sera arrêté puis condamné. Paul Hartman devient le directeur de la revue, ce qui sera un avantage pour la revue grâce à ses collaborations passées dans des revues d’art et de photographies. Tout en remettant en valeur les fonds de la revue, Hartman va également chercher à faire connaître de nouveaux jeunes artistes, ce qui vaut un grand succès pour la revue. En 1958, le Mercure de France est racheté par les éditions Gallimard dirigées par Simone Gallimard. Cette maison d’édition ne va pas modifier les objectifs de la revue et n’hésite pas à remettre en avant les anciennes collections et à en créer de nouvelle. La collection de cette revue a été rapportée aux archives de Blaise Gautier en 2006. Déclaration d’intention : Peut-être ne messied-il point de redire, alors que la Pléiade devient Mercure de France, ce qui a été répondu naguère aux imputations d'une Presse mal avertie, et de défendre par avance notre œuvre contre les appréciations erronées ou maladroites. Il est d’accoutumée, en effet, parmi nos confrères des grands quotidiens, d'infliger l'ironique épithète de décadente à toute publication ou s'essaient de jeunes écrivains aimant l'art, curieux, certes, de formules inédites, mais surtout consciencieux, ayant horreur de la phrase toute faite et du mot banal, du cliché quel qu'il soit. Nullement, d'ailleurs, nous ne nous rébellerions si par décadent nos chroniqueurs cotés n'entendaient charabia, pathos, incohérence, pour avoir étudié le cas en de petites feuilles où, apparemment, l'incohérence, le pathos et le charabia tenaient lieu d'esthétique et de pensée. Mais ces éphémères gazettes furent stériles, et il importe de distinguer entre les humanistes de dix-sept ans qui les rédigeaient, Charlots de lettres vite exténués, et les jeunes laborieux en quête d'une vierge expression du beau et du vrai tels qu'ils les conçoivent en ces temps complexes. Or, au sens que les quotidiens attribuent à cette étiquette, la Pléiade ne fut point décadente, et le Mercure de France ne le sera pas davantage./Mais, pour ne point choir dans la puérile hérésie de forme qu'on sait, il est cependant possible que, sans jamais cesser d'être clairs, nous n'écrivions pas absolument de ce style et sur ces idées qui s'imposent aux auteurs ambitieux d'accaparer tous les suffrages, et qui partant se résignent à une banalité de bon ton. Ils ont évidemment raison au point de vue pratique, et le nombre de ceux qui ont ainsi raison fut toujours de beaucoup le plus considérable ; mais à l'autre point de vue — celui de nos maîtres, sans les nommer — il n'apparaît pas que nous ayons si grand tort. Il y eut bien, voici quelque trente ans, des écrivains réputés maîtres dont l'outil fut la langue bonne fille, lâchée, musarde, que de charitables critiques ne se lassent point de nous offrir comme modèle de la langue classique de France ; encore ceux-là vécurent-ils à une époque autrement bénévole au littérateur que ne l'est ce dernier quart du siècle, en des jours où il était admis qu'on « écrit comme on parle » et où l'on croyait à la « vieille gaîté gauloise ». Mais, depuis cet âge d'or, combien d'illusions mortes ! Outre qu'il faille aujourd'hui, pour être classé quelqu'un, mettre au moins une pensée dans un livre, le nihilisme scientifique et le positivisme de la vie moderne, excessivement dure à l'individu pensant, ont fait de nous des êtres trop peu semblables aux hommes de ces générations pour que nous nous intéressions aux choses où ils se complurent, et que nous les disions aussi verbeusement et avec le même garçonnisme. Il semble que nous sommes nés trop réfléchis, et nous avons dû, en venant au monde, tourner sept fois notre langue avant de pousser ce premier cri qui était comme l'acquiescement à l'existence égoïste, étroite, affairée, vide de toute foi réconfortante, qu'on nous léguait. Si nous portons dans le monde, par instinct de sociabilité, un visage souriant et une certaine bonhomie, il est avéré — presque toutes les productions littéraires et artistiques des hommes nouveaux en témoignent — que notre moi intellectuel sourit bien rarement, dit juste ce qu'il doit dire, sans digressions inutiles, sans flânes ni promenades, si tentantes soient-elles, parmi les idées à côté./Et ce qu'il doit dire, pour peu qu'il soit sincère, ne semble pas précisément conforme aux rabâchages de convention dont on nous sature l'intellect. Un journaliste écouté, point suspect de pessimisme, a pourtant osé cette récente affirmation que « le monde va vers une morale nouvelle ». Il est pertinent qu'en tout, partout, à tous les étages sociaux, il y a évolution rapide, et qu'on ne voit plus aujourd'hui comme on voyait il n'y a pas vingt ans. Mais, soit respect de la tradition, soit flagornerie auprès d'un public inconsciemment hypocrite, la Presse se tait volontiers sur le fond des questions brûlantes. Or, ce que chacun pense et que personne ne formule, ces idées paradoxales et subversives en 1890, codifiées en 1900, il nous serait agréable d'en écrire. Œuvre de démolisseurs, soit ; mais quand l'écroulement final de la maison n'est plus qu'une affaire d'heures, n'y point aider prouverait qu'on n'en désire point la reconstruction prochaine./Aussi, des trois buts que peut se proposer un périodique littéraire — ou gagner de l'argent, ou grouper des auteurs en communion d'esthétique, formant école et s'efforçant au prosélytisme, ou enfin publier des œuvres purement artistiques et des conceptions assez hétérodoxes pour n'être point accueillies des feuilles qui comptent avec la clientèle — c'est ce dernier que nous avons choisi, nous connaissant du reste trop déplorables spéculateurs pour espérer la métamorphose de nos écrits en or, et sachant introuvables en cette transitoire période que nous traversons les éléments d'une école littéraire./Au surplus, qu'on me permette de le rappeler, cet article est une simple précaution contre d'adventices erreurs de jugement, et n'a aucune tendance à s'ériger en programme : chacun est ici absolument libre, responsable de ses seuls dires et point solidaire du voisin. Je ne veuille pas non plus avancer que nous serons toujours originaux, présomption juvénile dont nous sommes tout à fait incapables. — Mais si dans notre collection, pourtant, se révèle çà et là une œuvre d'art originalement conçue et parfaitement eurythmique, nous n'aurons pas été inutiles, ayant intéressé non le public, indifférent en ces matières, du moins les artistes ; et si d'aventure, en morale, il se rencontrait dans nos pages une vérité neuve où quelque idée d'avant-garde, nous aurions justifié notre titre — un peu prétentieux sans doute, mais dont l'archaïsme nous plaît. Sources : Gallica.fr, Googlebooks. Bibliographie : Brandimbourg (Georges), « L'avenir littéraire, les hommes d'aujourd'hui », Au Balcon, n°6, juin 1995. Kerbellec (Philippe G.), Vergne (François), « Hommage au Mercure », Diagraphe, Editions Mercure de France, n°73, mars 1995. Marfée (Aurélien), Saint-Brice (Léopold), « Centenaire du Mercure de France », A Rebours, Numéro spécial 50, printemps 1990 Liens : http://www.remydegourmont.org/ / http://www.gallica.bnf.fr/ / http://www.mercuredefrance.fr/ / http://www.abebooks.fr / http://www.biblimonde.com/ / http://www.formationpatrimoinetroyes.fr/mercurewiki/, / http://www.tybalt.pagesperso-orange.fr/LesRevues/ / www.sources.wikipedia.org/ [périodique] Voir les bulletins disponibles Rechercher dans ce périodique Mercure de France [texte imprimé] / Alfred Vallette, Fondateur ; Jules Renard, Fondateur ; Albert Samain, Fondateur ; Remy de Gourmont, Fondateur ; Louis Dumur, Fondateur ; Louis Denise, Fondateur ; Ernest Raynaud, Fondateur ; Edouard Dubus, Fondateur ; Julien Leclercq, Fondateur ; G.-Albert Aurier, Fondateur ; Jean Court, Fondateur ; Georges Duhamel, Directeur de publication ; Jacques Bernard, Directeur de publication ; Paul Hurtmann, Directeur de publication ; Alfred Vallette, Directeur de publication ; Alfred Vallette, Gérant ; Rougier, Imprimeur ; Camille Dillet, Imprimeur ; A. Davy, Imprimeur ; Mercure de France (128, rue d'Alésia, Paris, France), Imprimeur ; Alfred Vallette, Rédacteur en chef . - Paris (15, rue de l'Echaudé, 75000, France) : Mercure de France : [S.l.] : Librairie Gallimard.
Langues : Français (fre)
Mots-clés : art et littérature, symbolisme, avant-garde Comité de rédaction : Alfred Valette, Jules Renard, Albert Samain, Rémy de Gourmont, Louis Dumur, Louise Denise, Ernest Raynaud, Edouard Dubus, Julien Leclercq, Albert Aurier, Jean Court, Laurent Tailhade, Charles Merki, Gaston Danville, Saint-Pol-Rous, Pierre Quillard, Ferdinand Herold, Raoul Minhar, Rachilde. Périodicité : Mensuelle puis bimensuelle (à partir de 1905). Tirage : 1000 exemplaires selon la notice du dépôt légal de novembre 1893 (imprimerie A. Davy, exemplaire présent sur Gallica http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k105150k/f12.image ) Prix : 40c (1865-1892), 1Fr (1892-1908), 2Fr50c (1920), 3Fr50c (1925), 5Fr (1931), 6Fr50c (1938). Nombre de pages : 32 (1890), 64 (1891), 98 (1892-1894), 130 (1895-1896), 200 (1896-1897), 300 environ (à partir de 1898). Couvertures : Mercure dans les nuées portant ses attributs avec un ruban VIRES ACQUIRIT EVNDO (1890-1938), Caducée apparition de la couleur violet mercuriel appliquée au titre de la revue et l'illustration (à partir de 1948). Illustrations : Illustrations (gravures) en tête ou en fin de certains articles (hors revue du mois), pour combler les vides. Publicités : En fin de revues, peuvent être illustrées (annonces d'éditeurs, de librairies ou de papeteries). Adresse : 15, rue de l'Echaudé - Saint-Germain - Paris (1890-1908)./26, rue de Condé - Paris 6e (à partir de 1908). Numéros parus : Environ 1220. Histoire de la revue : La revue dirigée par Vallette arbore un titre dont l’histoire remonte au XVIIe siècle, avec le « Mercure Galant », créée par Jean Donneau de Visé, paraissant une fois par semaine. La revue avait pour objectif d’informer le public sur divers sujets et de publier des poèmes et des historiettes. Son symbole est celui du dieu Mercure avec son casque ailé et le caducée tenu dans la main de la divinité. Ce motif demeurera le « logo » de la revue. De 1724-1823 la revue devient Le Mercure de France, dédié au roi. La revue cesse d’exister en 1825 ; le titre est repris de 1835 à 1882 par un périodique mensuel. En 1890, une nouvelle revue est fondée sous ce titre par Alfred Vallette avec ses amis symbolistes Jean Moréas, Emile Raynaud, Pierre Arène, Remy de Gourmont, Albert Samain et Charles Cros. Le 1er numéro paraît le 1er janvier 1890 et son succès ne va cesser de croître car le contenu est considéré comme sérieux, ouvert sur les différents arts de l'époque, avec une certaine liberté des propos. La revue publie des textes de jeunes littéraires d’avant-garde. A partir de 1905, la revue devient bimensuelle. Le créateur de la revue se marie avec la romancière Rachilde qui joue un rôle important dans le succès du Mercure de France. Puis la revue lance une maison d’édition pour aider les intellectuels d’avant-garde à faire connaître leurs idées. On y trouve des textes de nombreux auteurs d’avant-garde de l’époque comme des symbolistes, des études d’ouvrages, mais aussi des traduction de textes de Nietzsche. Georges Duhamel reprend la direction de Mercure de France en 1935. Il déclara en 1936 que « Si Le Mercure de France n'existait pas, il y aurait un chaînon qui manquerait dans la suite intellectuelle française. ». Mais envahi par une quantité de travail, il laisse rapidement sa place à Jacques Bernard en 1938. Ce dernier met en place des mesures de collaboration sous l’occupation afin de pouvoir continuer à publier la revue. Mais après la guerre, il sera arrêté puis condamné. Paul Hartman devient le directeur de la revue, ce qui sera un avantage pour la revue grâce à ses collaborations passées dans des revues d’art et de photographies. Tout en remettant en valeur les fonds de la revue, Hartman va également chercher à faire connaître de nouveaux jeunes artistes, ce qui vaut un grand succès pour la revue. En 1958, le Mercure de France est racheté par les éditions Gallimard dirigées par Simone Gallimard. Cette maison d’édition ne va pas modifier les objectifs de la revue et n’hésite pas à remettre en avant les anciennes collections et à en créer de nouvelle. La collection de cette revue a été rapportée aux archives de Blaise Gautier en 2006. Déclaration d’intention : Peut-être ne messied-il point de redire, alors que la Pléiade devient Mercure de France, ce qui a été répondu naguère aux imputations d'une Presse mal avertie, et de défendre par avance notre œuvre contre les appréciations erronées ou maladroites. Il est d’accoutumée, en effet, parmi nos confrères des grands quotidiens, d'infliger l'ironique épithète de décadente à toute publication ou s'essaient de jeunes écrivains aimant l'art, curieux, certes, de formules inédites, mais surtout consciencieux, ayant horreur de la phrase toute faite et du mot banal, du cliché quel qu'il soit. Nullement, d'ailleurs, nous ne nous rébellerions si par décadent nos chroniqueurs cotés n'entendaient charabia, pathos, incohérence, pour avoir étudié le cas en de petites feuilles où, apparemment, l'incohérence, le pathos et le charabia tenaient lieu d'esthétique et de pensée. Mais ces éphémères gazettes furent stériles, et il importe de distinguer entre les humanistes de dix-sept ans qui les rédigeaient, Charlots de lettres vite exténués, et les jeunes laborieux en quête d'une vierge expression du beau et du vrai tels qu'ils les conçoivent en ces temps complexes. Or, au sens que les quotidiens attribuent à cette étiquette, la Pléiade ne fut point décadente, et le Mercure de France ne le sera pas davantage./Mais, pour ne point choir dans la puérile hérésie de forme qu'on sait, il est cependant possible que, sans jamais cesser d'être clairs, nous n'écrivions pas absolument de ce style et sur ces idées qui s'imposent aux auteurs ambitieux d'accaparer tous les suffrages, et qui partant se résignent à une banalité de bon ton. Ils ont évidemment raison au point de vue pratique, et le nombre de ceux qui ont ainsi raison fut toujours de beaucoup le plus considérable ; mais à l'autre point de vue — celui de nos maîtres, sans les nommer — il n'apparaît pas que nous ayons si grand tort. Il y eut bien, voici quelque trente ans, des écrivains réputés maîtres dont l'outil fut la langue bonne fille, lâchée, musarde, que de charitables critiques ne se lassent point de nous offrir comme modèle de la langue classique de France ; encore ceux-là vécurent-ils à une époque autrement bénévole au littérateur que ne l'est ce dernier quart du siècle, en des jours où il était admis qu'on « écrit comme on parle » et où l'on croyait à la « vieille gaîté gauloise ». Mais, depuis cet âge d'or, combien d'illusions mortes ! Outre qu'il faille aujourd'hui, pour être classé quelqu'un, mettre au moins une pensée dans un livre, le nihilisme scientifique et le positivisme de la vie moderne, excessivement dure à l'individu pensant, ont fait de nous des êtres trop peu semblables aux hommes de ces générations pour que nous nous intéressions aux choses où ils se complurent, et que nous les disions aussi verbeusement et avec le même garçonnisme. Il semble que nous sommes nés trop réfléchis, et nous avons dû, en venant au monde, tourner sept fois notre langue avant de pousser ce premier cri qui était comme l'acquiescement à l'existence égoïste, étroite, affairée, vide de toute foi réconfortante, qu'on nous léguait. Si nous portons dans le monde, par instinct de sociabilité, un visage souriant et une certaine bonhomie, il est avéré — presque toutes les productions littéraires et artistiques des hommes nouveaux en témoignent — que notre moi intellectuel sourit bien rarement, dit juste ce qu'il doit dire, sans digressions inutiles, sans flânes ni promenades, si tentantes soient-elles, parmi les idées à côté./Et ce qu'il doit dire, pour peu qu'il soit sincère, ne semble pas précisément conforme aux rabâchages de convention dont on nous sature l'intellect. Un journaliste écouté, point suspect de pessimisme, a pourtant osé cette récente affirmation que « le monde va vers une morale nouvelle ». Il est pertinent qu'en tout, partout, à tous les étages sociaux, il y a évolution rapide, et qu'on ne voit plus aujourd'hui comme on voyait il n'y a pas vingt ans. Mais, soit respect de la tradition, soit flagornerie auprès d'un public inconsciemment hypocrite, la Presse se tait volontiers sur le fond des questions brûlantes. Or, ce que chacun pense et que personne ne formule, ces idées paradoxales et subversives en 1890, codifiées en 1900, il nous serait agréable d'en écrire. Œuvre de démolisseurs, soit ; mais quand l'écroulement final de la maison n'est plus qu'une affaire d'heures, n'y point aider prouverait qu'on n'en désire point la reconstruction prochaine./Aussi, des trois buts que peut se proposer un périodique littéraire — ou gagner de l'argent, ou grouper des auteurs en communion d'esthétique, formant école et s'efforçant au prosélytisme, ou enfin publier des œuvres purement artistiques et des conceptions assez hétérodoxes pour n'être point accueillies des feuilles qui comptent avec la clientèle — c'est ce dernier que nous avons choisi, nous connaissant du reste trop déplorables spéculateurs pour espérer la métamorphose de nos écrits en or, et sachant introuvables en cette transitoire période que nous traversons les éléments d'une école littéraire./Au surplus, qu'on me permette de le rappeler, cet article est une simple précaution contre d'adventices erreurs de jugement, et n'a aucune tendance à s'ériger en programme : chacun est ici absolument libre, responsable de ses seuls dires et point solidaire du voisin. Je ne veuille pas non plus avancer que nous serons toujours originaux, présomption juvénile dont nous sommes tout à fait incapables. — Mais si dans notre collection, pourtant, se révèle çà et là une œuvre d'art originalement conçue et parfaitement eurythmique, nous n'aurons pas été inutiles, ayant intéressé non le public, indifférent en ces matières, du moins les artistes ; et si d'aventure, en morale, il se rencontrait dans nos pages une vérité neuve où quelque idée d'avant-garde, nous aurions justifié notre titre — un peu prétentieux sans doute, mais dont l'archaïsme nous plaît. Sources : Gallica.fr, Googlebooks. Bibliographie : Brandimbourg (Georges), « L'avenir littéraire, les hommes d'aujourd'hui », Au Balcon, n°6, juin 1995. Kerbellec (Philippe G.), Vergne (François), « Hommage au Mercure », Diagraphe, Editions Mercure de France, n°73, mars 1995. Marfée (Aurélien), Saint-Brice (Léopold), « Centenaire du Mercure de France », A Rebours, Numéro spécial 50, printemps 1990 Liens : http://www.remydegourmont.org/ / http://www.gallica.bnf.fr/ / http://www.mercuredefrance.fr/ / http://www.abebooks.fr / http://www.biblimonde.com/ / http://www.formationpatrimoinetroyes.fr/mercurewiki/, / http://www.tybalt.pagesperso-orange.fr/LesRevues/ / www.sources.wikipedia.org/