PRELIA
Petites REvues de LIttérature et d'Art
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Titre : La Révolution surréaliste Type de document : texte imprimé Auteurs : Pierre Naville, Directeur de publication ; Benjamin Péret, Directeur de publication ; André Breton, Directeur de publication ; Louis Aragon, Gérant ; Imprimerie Alençonnaise (11 rue des Marcheries, Alençon), Imprimeur ; Imprimerie spéciale de la Revue Surréaliste (42 rue Fontaine, Paris IXe), Imprimeur ; Imprimerie Union (13 rue Méchain, Paris), Imprimeur Editeur : Librairie Gallimard Année de publication : 01/12/1924-15/12/1929 Autre Editeur : Librairie José Corti Note générale : n° 1 à 4 : Imprimerie Alençonnaise, 11 rue des Marcheries, Alençon ; n° 5 à 11 : Imprimerie spéciale de la Revue Surréaliste, 42 rue Fontaine, Paris IXe ; n° 12 imprimé par l'imprimerie Union, 13 rue Méchain, Paris
Langues : Français (fre) Mots-clés : surréalisme politique rêve mort amour Orient écriture automatique Note de contenu : Direction: Pierre Naville, Benjamin Péret : n°1-2 ; André Breton n°3 et suivants
Dimensions : 29 cm Périodicité : très irrégulière : mensuelle puis trimestrielle, puis bi-annuelle et enfin annuelle. Tirage : "Il a été tiré du premier numéro de la Révolution Surréaliste, 10 numéros de luxe sur papier de couleur, dont 5 hors commerce, tous numérotés". Le n° 12 de la revue, édité par José Corti, a été tiré à 3000 exemplaires ordinaires et 10 exemplaires de luxe Prix : Le prix de la revue s'est plusieurs fois modifié au cours de son existence : du n° 1 au n° 6, l'exemplaire s'achetait 4 francs en France et 5 francs à l'étranger, l'abonnement pour 12 numéros coûtait 45 francs en France et 55 francs à l'étranger. Nouveau Nombre de pages : n° 1 à 7 : 34 pages ; n°8 : 38 pages ; double numéro 9-10 : 68 pages ; n° 11 : 44 pages ; n° 12 : 86 pages. Couvertures : La couverture se compose du titre de la revue en gros caractère et en majuscule. Sous ce titre prend place une photographie ou une gravure (ex : n° 8, 1926/12/01) différente à chaque parution. Un titre encadre cette photographie en caractère majuscule. Exemple : n°3, sous-titre : "1925 : Fin de l'ère chrétienne". Le double numéro 9-10 : "L'écriture automatique"... En dessous de ces photographies et du sous-titre de la revue, présence du sommaire encadré d'un liserai noir. Puis tout à fait en bas de la couverture les prix de la revue et l'adresse de l'éditeur. N° 1 à 5 couverture en papier rouge. n° 6 à 12 : couverture en papier blanc glacé. Illustrations : La revue est assez austère, sans bandeau ni cul-de-lamp, soulignant ainsi la primauté des discours sur l'esthétique. Malgré tout, la couverture est toujours illustrée, principalement par des photomontages. On compte également de nombreuses illustrations à l'intérieur de la revue : gravures, reproductions d'oeuvres graphiques et photographies signées par : Man Ray, Max Ernst, Pablo Picasso, Robert Desnos, Pierre Naville, André Masson, Giorgiode Chirico, Paul Klee, Dédé Sunbeam, Joan Miro, Arp, Georges Braque, Georges Malkine, Pierre Roy, Yves Tanguy, Paolo Uccello, Jacques Vaché, Francis Picabia, René Magritte... Publicités : Les publicités sont assez rares dans la revue. Il faut toutefois signaler les publicités pour la parution d'œuvres surréalistes, comme cette publicité détournée pour le surréalisme (n°1 1924/12/01). Quelques publicités enfin, toujours en fin de revue et faisant référence à la parution d'ouvres littéraires ou à des expositions de peintres contemporains. Adresse : Librairie Gallimard, 15 boulevard Raspail, Paris (VIIe) pour les n° 1 à 11 ; n° 12 édité par la Librairie José Corti, 6 rue de Clichy, Paris (IXe) Numéros parus : 12 numéros Histoire de la revue : À l’origine de La Révolution surréaliste, le groupe avait pour projet de lancer, par le biais de la revue, des appels à témoins dans le but de recueillir des témoignages du plus grand nombre sur des sujets de prédilection surréalistes. Le premier appel à contribution concerne les récits de rêve. Pour recueillir ces témoignages, les surréalistes ouvrent le Bureau de recherches surréalistes le 11 octobre 1924. Mais aux vues de l’échec du projet, c’est-à-dire du faible nombre de témoignages recueillis, le Bureau ferme ses portes le 30 janvier 1925 après avoir connu plusieurs directeurs dont le dernier fût Antonin Artaud. Les premiers collaborateurs à rejoindre la revue, outre ses fondateurs (Naville, Péret, Breton, Artaud parmi d’autres) furent des contributeurs d’anciennes revues littéraires telle que L’œuf dur. La Révolution surréaliste connaît, au cours de son histoire, une autre collaboration importante. Le 15 septembre 1925 est officialisée l’union de la revue avec Clarté, de cette collaboration naît notamment des articles politiquement engagés par exemple contre la guerre au Maroc dans la « Lettre ouverte au intellectuels » publiée en juillet 1925 Cependant cette union ne durera pas longtemps du fait notamment de divergences politiques (marxisme révolutionnaire contre communisme) et de la volonté pour André Breton de conserver l’indépendance de sa revue. Le groupe de Clarté envisageait en effet de créer une revue politique unique. Cette revue qui n’a jamais vu le jour devait s’intituler La Guerre civile or celle-ci, avec ce titre très parlant, ne projetait pas de compter parmi ses articles des textes littéraires. Clarté et La Révolution surréaliste s’éloignent alors (voir à ce sujet CUENOT Alain, Clarté 1924-1928, tome II, Du surréalisme au trotskisme, itinéraire politique et culturel, Paris, L’Harmattan, 2011). Des querelles d’ordre politique s’installent au sein même du noyau de membres de la Révolution surréaliste. Artaud et Soupault sont évincés de la revue en novembre 1926 car ils refusaient l’adhésion au PC que programmait Breton. Artaud propose, en réponse et conclusion à cette dispute, un article en juin 1927 : « À la grande nuit ou le bluff surréaliste ». Il commence ainsi : « Que les surréalistes m'aient chassé ou que je me sois mis moi-même à la porte de leurs grotesques simulacres, la question depuis longtemps n'est pas là. C'est parce que j'ai eu assez d'une mascarade qui n'avait que trop duré que je me suis retiré de là-dedans, bien certain d'ailleurs que dans le cadre nouveau qu'ils s'étaient choisi pas plus que dans nul autre les surréalistes ne feraient rien. » Un autre épisode marque les membres de la revue. Il se déroule à un banquet organisé en l’honneur de Saint-Pol-Roux, auteur loué par les Surréalistes, en juillet 1925. Les surréalistes distribuent une « Lettre ouverte à M. Paul Claudel » qui se termine ainsi : « Catholicisme, classicisme gréco-romain, nous vous abandonnons à vos bondieuseries infâmes. Qu'elles vous profitent de toutes manières ; engraissez encore, crevez sous l'admiration et le respect de vos concitoyens. Écrivez, priez et bavez ; nous réclamons le déshonneur de vous avoir traité une fois pour toutes de cuistre et de canaille. » La teneur de cette lettre choque. Mais la soirée prend une tournure de conflit lorsque Rachilde, l’écrivain et épouse d’Alfred Valette déclare : « Une Française ne peut épouser un Allemand ». Cette phrase, contenant pour les surréalistes un discours patriotique inacceptable constitue le point de départ d’une vive altercation. À la suite de cette soirée mouvementée, la Revue surréaliste se verra largement décriée notamment par des revues telles que L’Action française ou Le Journal littéraire ainsi que par la Société des gens de lettres ou encore l’Association des écrivains combattants (voir au sujet de cette soirée de juillet 1925 : SCHULZ Joachim, « La traduction de Saint-Pol-Roux et sa réception en Allemagne ou les “champs littéraires” de la traduction », TTR : traduction, terminologie, rédaction, vol. 1, n°2, 1988 http://www.erudit.org/revue/TTR/1988/v1/n2/037016ar.pdf). Après cet épisode, André Breton prend la direction de la revue. La Révolution surréaliste connaît par la suite d’autres attaques de la part de revue comme par exemple de la NRF en 1928. Les textes Le Grand jeu de Péret et Le Traité de style d’Aragon y sont âprement critiqués. Ces incompréhensions entre Gallimard et les travaux du groupe surréaliste expliquent certainement le changement de dépositaire que connaît la revue en 1929. En effet, le dernier n° de la Révolution surréaliste sera publié chez José Corti, ils étaient jusqu’au n°11 publiés chez Gallimard. La revue fait enfin table rase et disparaît pour laisser place, dès juillet 1930, au premier numéro de la revue Le Surréalisme au service de la Révolution. Déclaration d’intention : "Le procès de la connaissance n'étant plus à faire, l'intelligence n'entrant plus en ligne de compte, le rêve seul laisse à l'homme tous ses droits à la liberté. Grâce au rêve, la mort n'a plus de sens obscur et le sens de la vie devient indifférent. Chaque matin, dans toutes les familles, les hommes, les femmes et les enfants, S'ILS N'ONT RIEN DE MIEUX A FAIRE, se racontent leurs rêves. Nous sommes tous à la merci du rêve et nous nous devons de subir son pouvoir à l'état de veille. C'est un tyran terrible habillé de miroirs et d'éclairs. Qu'est-ce que le papier et la plume, qu'est-ce qu'écrire, qu'est-ce que la poésie devant ce géant qui tient les muscles des nuages dans ses muscles ? Vous êtes là bégayant devant le serpent, ignorant les feuilles mortes et les pièges de verre, vous craignez pour votre fortune, pour votre coeur et vos plaisirs et vous cherchez dans l'ombre de vos rêves tous les signes mathématiques qui vous rendront la mort plus naturelle. D'autres et ce sont les prophètes dirigent aveuglément les forces de la nuit vers l'avenir, l'aurore parle par leur bouche, et le monde ravi s'épouvante ou se félicite. Le surréalisme ouvre les portes du rêve à tous ceux pour qui la nuit est avare. Le surréalisme est le carrefour des enchantements du sommeil, de l'alcool, du tabac, de l'éther, de l'opium, de la cocaïne, de la morphine ; mais il est aussi le briseur de chaînes, nous ne dormons pas, nous ne buvons pas, nous ne fuirions pas, nous ne prisons pas, nous ne nous piquons pas et nous rêvons, et la rapidité des aiguilles des lampes introduit dans nos cerveaux la merveilleuse éponge défleurie de l'or. Ah ! si les os étaient gonflés comme des dirigeables, nous visiterions les ténèbres de la Mer Morte. La route est une sentinelle dressée contre le vent qui nous enlace et nous fait trembler devant nos fragiles apparences de rubis. Vous, collés aux échos de nos oreilles comme la pieuvre-horloge au mur du temps, vous pouvez inventer de pauvres histoires qui nous ferons sourire de nonchalance. Nous ne nous dérangeons plus, on a beau dire : l'idée du mouvement est avant tout une idée inerte (Berkeley), et l'arbre de la vitesse nous apparaît. Le cerveau tourne comme un ange et nos paroles sont les grains de plomb qui tuent l'oiseau. Vous à qui la nature a donné le pouvoir d'allumer l'électricité à midi et de rester sous la pluie avec du soleil dans les yeux, vos actes sont gratuits, les nôtres sont rêvés. Tout est chuchotements, coïncidences, le silence et l'étincelle ravissent leur propre révélation. L'arbre chargé de viande qui surgit entre les pavés n'est surnaturel que dans notre étonnement, mais le temps de fermer les yeux, il attend l'inauguration. Toute découverte changeant la nature, la destination d'un objet ou d'un phénomène constitue un fait surréaliste. Entre Napoléon et le buste des phrénologues qui le représentent, il y a toutes les batailles de l'Empire. Loin de nous l'idée d exploiter ces images et de les modifier dans un sens qui pourrait faire croire à un progrès. Que de la distillation d'un liquide apparaisse l'alcool, le lait ou le gaz d'éclairage autant d'images satisfaisantes et d'inventions sans valeur. Nulle transformation n'a lieu mais pourtant, encre invisible, celui qui écrit sera compté parmi les absents. Solitude de l'amour, l'homme couché sur toi commet un crime perpétuel et fatal. Solitude d'écrire l'on ne te connaîtra plus en vain, tes victimes happées par un engrenage d'étoiles violentes, ressuscitent en elles-mêmes. Nous constatons l'exaltation surréaliste des mystiques, des inventeurs et desprophètes et nous passons. On trouvera d'ailleurs dans cette revue des chroniques de l'invention, de la mode, de la vie, des beaux-arts et de la magie. La mode y sera traitée selon la gravitation des lettres blanches sur les chairs nocturnes, la vie selon les partages du jour et des parfums, l'invention selon les joueurs, les beaux-arts selon le patin qui dit : « orage » aux cloches du cèdre centenaire et la magie selon le mouvement des sphères dans des yeux aveugles. Déjà les automates se multiplient et rêvent. Dans les cafés, ils demandent vite de quoi écrire, les veines du marbre sont les graphiques de leur évasion et leurs voitures vont seules au Bois. La Révolution... la Révolution... Le réalisme, c'est émonder les arbres, le surréalisme, c'est émonder la vie."" J.-A. BOIFFARD, P. ELUARD, R. VITRAC. " Sources : Wikisource ; Gallica; Une réédition en collection complète paraît en 1975 avec une étude historique en postface de la revue signée Marie-Claire Bancquart. Bibliographie : M. Bonnet & J. Chénieux-Gendron, Revues surréalistes françaises autour d'André Breton, 1948-1972, Kraus, New York, 1982. "La révolution surréaliste : sous le signe du rêve", Télérama, conception du hors-série : Catherine Firmin-Didot ; avec la collaboration de Virginie de La Batut...[et al.], Paris, 2002. - 1 vol. (98 p.) : ill. ; 30 cm. Louis Janover, La Révolution surréaliste, Paris, Plon, 1988 (27-Mesnil-sur-l'Estrée : Impr. Firmin-Didot). - 225 p. ; 23 cm. http://www.andrebreton.fr/fr/item/?GCOI=56600100242831, http://melusine.univ-paris3.fr/Revolution_surrealiste/Revol_surr_index.htm, http://www.universalis-edu.com/encyclopedie/surrealisme-les-revues-surrealistes/ Archives : Le site andrebreton.fr propose un dossier d'archives autour de la revue : compte-rendu de réunion manuscrit, abonnemnts, manuscrits préparatoires d'articles de la revue, photographies d'œuvres picturales de la revue, correspondances. http://www.andrebreton.fr/collections/?collection_id=72 Liens : Encyclopedia Universalis / Site André Breton / Mélusine En ligne : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb34381250f/date.r=la+r%C3%A9volution+surr%C3%A [...] [périodique] Voir les bulletins disponibles Rechercher dans ce périodique La Révolution surréaliste [texte imprimé] / Pierre Naville, Directeur de publication ; Benjamin Péret, Directeur de publication ; André Breton, Directeur de publication ; Louis Aragon, Gérant ; Imprimerie Alençonnaise (11 rue des Marcheries, Alençon), Imprimeur ; Imprimerie spéciale de la Revue Surréaliste (42 rue Fontaine, Paris IXe), Imprimeur ; Imprimerie Union (13 rue Méchain, Paris), Imprimeur . - [S.l.] : Librairie Gallimard : [S.l.] : Librairie José Corti, 01/12/1924-15/12/1929.
n° 1 à 4 : Imprimerie Alençonnaise, 11 rue des Marcheries, Alençon ; n° 5 à 11 : Imprimerie spéciale de la Revue Surréaliste, 42 rue Fontaine, Paris IXe ; n° 12 imprimé par l'imprimerie Union, 13 rue Méchain, Paris
Langues : Français (fre)
Mots-clés : surréalisme politique rêve mort amour Orient écriture automatique Note de contenu : Direction: Pierre Naville, Benjamin Péret : n°1-2 ; André Breton n°3 et suivants
Dimensions : 29 cm Périodicité : très irrégulière : mensuelle puis trimestrielle, puis bi-annuelle et enfin annuelle. Tirage : "Il a été tiré du premier numéro de la Révolution Surréaliste, 10 numéros de luxe sur papier de couleur, dont 5 hors commerce, tous numérotés". Le n° 12 de la revue, édité par José Corti, a été tiré à 3000 exemplaires ordinaires et 10 exemplaires de luxe Prix : Le prix de la revue s'est plusieurs fois modifié au cours de son existence : du n° 1 au n° 6, l'exemplaire s'achetait 4 francs en France et 5 francs à l'étranger, l'abonnement pour 12 numéros coûtait 45 francs en France et 55 francs à l'étranger. Nouveau Nombre de pages : n° 1 à 7 : 34 pages ; n°8 : 38 pages ; double numéro 9-10 : 68 pages ; n° 11 : 44 pages ; n° 12 : 86 pages. Couvertures : La couverture se compose du titre de la revue en gros caractère et en majuscule. Sous ce titre prend place une photographie ou une gravure (ex : n° 8, 1926/12/01) différente à chaque parution. Un titre encadre cette photographie en caractère majuscule. Exemple : n°3, sous-titre : "1925 : Fin de l'ère chrétienne". Le double numéro 9-10 : "L'écriture automatique"... En dessous de ces photographies et du sous-titre de la revue, présence du sommaire encadré d'un liserai noir. Puis tout à fait en bas de la couverture les prix de la revue et l'adresse de l'éditeur. N° 1 à 5 couverture en papier rouge. n° 6 à 12 : couverture en papier blanc glacé. Illustrations : La revue est assez austère, sans bandeau ni cul-de-lamp, soulignant ainsi la primauté des discours sur l'esthétique. Malgré tout, la couverture est toujours illustrée, principalement par des photomontages. On compte également de nombreuses illustrations à l'intérieur de la revue : gravures, reproductions d'oeuvres graphiques et photographies signées par : Man Ray, Max Ernst, Pablo Picasso, Robert Desnos, Pierre Naville, André Masson, Giorgiode Chirico, Paul Klee, Dédé Sunbeam, Joan Miro, Arp, Georges Braque, Georges Malkine, Pierre Roy, Yves Tanguy, Paolo Uccello, Jacques Vaché, Francis Picabia, René Magritte... Publicités : Les publicités sont assez rares dans la revue. Il faut toutefois signaler les publicités pour la parution d'œuvres surréalistes, comme cette publicité détournée pour le surréalisme (n°1 1924/12/01). Quelques publicités enfin, toujours en fin de revue et faisant référence à la parution d'ouvres littéraires ou à des expositions de peintres contemporains. Adresse : Librairie Gallimard, 15 boulevard Raspail, Paris (VIIe) pour les n° 1 à 11 ; n° 12 édité par la Librairie José Corti, 6 rue de Clichy, Paris (IXe) Numéros parus : 12 numéros Histoire de la revue : À l’origine de La Révolution surréaliste, le groupe avait pour projet de lancer, par le biais de la revue, des appels à témoins dans le but de recueillir des témoignages du plus grand nombre sur des sujets de prédilection surréalistes. Le premier appel à contribution concerne les récits de rêve. Pour recueillir ces témoignages, les surréalistes ouvrent le Bureau de recherches surréalistes le 11 octobre 1924. Mais aux vues de l’échec du projet, c’est-à-dire du faible nombre de témoignages recueillis, le Bureau ferme ses portes le 30 janvier 1925 après avoir connu plusieurs directeurs dont le dernier fût Antonin Artaud. Les premiers collaborateurs à rejoindre la revue, outre ses fondateurs (Naville, Péret, Breton, Artaud parmi d’autres) furent des contributeurs d’anciennes revues littéraires telle que L’œuf dur. La Révolution surréaliste connaît, au cours de son histoire, une autre collaboration importante. Le 15 septembre 1925 est officialisée l’union de la revue avec Clarté, de cette collaboration naît notamment des articles politiquement engagés par exemple contre la guerre au Maroc dans la « Lettre ouverte au intellectuels » publiée en juillet 1925 Cependant cette union ne durera pas longtemps du fait notamment de divergences politiques (marxisme révolutionnaire contre communisme) et de la volonté pour André Breton de conserver l’indépendance de sa revue. Le groupe de Clarté envisageait en effet de créer une revue politique unique. Cette revue qui n’a jamais vu le jour devait s’intituler La Guerre civile or celle-ci, avec ce titre très parlant, ne projetait pas de compter parmi ses articles des textes littéraires. Clarté et La Révolution surréaliste s’éloignent alors (voir à ce sujet CUENOT Alain, Clarté 1924-1928, tome II, Du surréalisme au trotskisme, itinéraire politique et culturel, Paris, L’Harmattan, 2011). Des querelles d’ordre politique s’installent au sein même du noyau de membres de la Révolution surréaliste. Artaud et Soupault sont évincés de la revue en novembre 1926 car ils refusaient l’adhésion au PC que programmait Breton. Artaud propose, en réponse et conclusion à cette dispute, un article en juin 1927 : « À la grande nuit ou le bluff surréaliste ». Il commence ainsi : « Que les surréalistes m'aient chassé ou que je me sois mis moi-même à la porte de leurs grotesques simulacres, la question depuis longtemps n'est pas là. C'est parce que j'ai eu assez d'une mascarade qui n'avait que trop duré que je me suis retiré de là-dedans, bien certain d'ailleurs que dans le cadre nouveau qu'ils s'étaient choisi pas plus que dans nul autre les surréalistes ne feraient rien. » Un autre épisode marque les membres de la revue. Il se déroule à un banquet organisé en l’honneur de Saint-Pol-Roux, auteur loué par les Surréalistes, en juillet 1925. Les surréalistes distribuent une « Lettre ouverte à M. Paul Claudel » qui se termine ainsi : « Catholicisme, classicisme gréco-romain, nous vous abandonnons à vos bondieuseries infâmes. Qu'elles vous profitent de toutes manières ; engraissez encore, crevez sous l'admiration et le respect de vos concitoyens. Écrivez, priez et bavez ; nous réclamons le déshonneur de vous avoir traité une fois pour toutes de cuistre et de canaille. » La teneur de cette lettre choque. Mais la soirée prend une tournure de conflit lorsque Rachilde, l’écrivain et épouse d’Alfred Valette déclare : « Une Française ne peut épouser un Allemand ». Cette phrase, contenant pour les surréalistes un discours patriotique inacceptable constitue le point de départ d’une vive altercation. À la suite de cette soirée mouvementée, la Revue surréaliste se verra largement décriée notamment par des revues telles que L’Action française ou Le Journal littéraire ainsi que par la Société des gens de lettres ou encore l’Association des écrivains combattants (voir au sujet de cette soirée de juillet 1925 : SCHULZ Joachim, « La traduction de Saint-Pol-Roux et sa réception en Allemagne ou les “champs littéraires” de la traduction », TTR : traduction, terminologie, rédaction, vol. 1, n°2, 1988 http://www.erudit.org/revue/TTR/1988/v1/n2/037016ar.pdf). Après cet épisode, André Breton prend la direction de la revue. La Révolution surréaliste connaît par la suite d’autres attaques de la part de revue comme par exemple de la NRF en 1928. Les textes Le Grand jeu de Péret et Le Traité de style d’Aragon y sont âprement critiqués. Ces incompréhensions entre Gallimard et les travaux du groupe surréaliste expliquent certainement le changement de dépositaire que connaît la revue en 1929. En effet, le dernier n° de la Révolution surréaliste sera publié chez José Corti, ils étaient jusqu’au n°11 publiés chez Gallimard. La revue fait enfin table rase et disparaît pour laisser place, dès juillet 1930, au premier numéro de la revue Le Surréalisme au service de la Révolution. Déclaration d’intention : "Le procès de la connaissance n'étant plus à faire, l'intelligence n'entrant plus en ligne de compte, le rêve seul laisse à l'homme tous ses droits à la liberté. Grâce au rêve, la mort n'a plus de sens obscur et le sens de la vie devient indifférent. Chaque matin, dans toutes les familles, les hommes, les femmes et les enfants, S'ILS N'ONT RIEN DE MIEUX A FAIRE, se racontent leurs rêves. Nous sommes tous à la merci du rêve et nous nous devons de subir son pouvoir à l'état de veille. C'est un tyran terrible habillé de miroirs et d'éclairs. Qu'est-ce que le papier et la plume, qu'est-ce qu'écrire, qu'est-ce que la poésie devant ce géant qui tient les muscles des nuages dans ses muscles ? Vous êtes là bégayant devant le serpent, ignorant les feuilles mortes et les pièges de verre, vous craignez pour votre fortune, pour votre coeur et vos plaisirs et vous cherchez dans l'ombre de vos rêves tous les signes mathématiques qui vous rendront la mort plus naturelle. D'autres et ce sont les prophètes dirigent aveuglément les forces de la nuit vers l'avenir, l'aurore parle par leur bouche, et le monde ravi s'épouvante ou se félicite. Le surréalisme ouvre les portes du rêve à tous ceux pour qui la nuit est avare. Le surréalisme est le carrefour des enchantements du sommeil, de l'alcool, du tabac, de l'éther, de l'opium, de la cocaïne, de la morphine ; mais il est aussi le briseur de chaînes, nous ne dormons pas, nous ne buvons pas, nous ne fuirions pas, nous ne prisons pas, nous ne nous piquons pas et nous rêvons, et la rapidité des aiguilles des lampes introduit dans nos cerveaux la merveilleuse éponge défleurie de l'or. Ah ! si les os étaient gonflés comme des dirigeables, nous visiterions les ténèbres de la Mer Morte. La route est une sentinelle dressée contre le vent qui nous enlace et nous fait trembler devant nos fragiles apparences de rubis. Vous, collés aux échos de nos oreilles comme la pieuvre-horloge au mur du temps, vous pouvez inventer de pauvres histoires qui nous ferons sourire de nonchalance. Nous ne nous dérangeons plus, on a beau dire : l'idée du mouvement est avant tout une idée inerte (Berkeley), et l'arbre de la vitesse nous apparaît. Le cerveau tourne comme un ange et nos paroles sont les grains de plomb qui tuent l'oiseau. Vous à qui la nature a donné le pouvoir d'allumer l'électricité à midi et de rester sous la pluie avec du soleil dans les yeux, vos actes sont gratuits, les nôtres sont rêvés. Tout est chuchotements, coïncidences, le silence et l'étincelle ravissent leur propre révélation. L'arbre chargé de viande qui surgit entre les pavés n'est surnaturel que dans notre étonnement, mais le temps de fermer les yeux, il attend l'inauguration. Toute découverte changeant la nature, la destination d'un objet ou d'un phénomène constitue un fait surréaliste. Entre Napoléon et le buste des phrénologues qui le représentent, il y a toutes les batailles de l'Empire. Loin de nous l'idée d exploiter ces images et de les modifier dans un sens qui pourrait faire croire à un progrès. Que de la distillation d'un liquide apparaisse l'alcool, le lait ou le gaz d'éclairage autant d'images satisfaisantes et d'inventions sans valeur. Nulle transformation n'a lieu mais pourtant, encre invisible, celui qui écrit sera compté parmi les absents. Solitude de l'amour, l'homme couché sur toi commet un crime perpétuel et fatal. Solitude d'écrire l'on ne te connaîtra plus en vain, tes victimes happées par un engrenage d'étoiles violentes, ressuscitent en elles-mêmes. Nous constatons l'exaltation surréaliste des mystiques, des inventeurs et desprophètes et nous passons. On trouvera d'ailleurs dans cette revue des chroniques de l'invention, de la mode, de la vie, des beaux-arts et de la magie. La mode y sera traitée selon la gravitation des lettres blanches sur les chairs nocturnes, la vie selon les partages du jour et des parfums, l'invention selon les joueurs, les beaux-arts selon le patin qui dit : « orage » aux cloches du cèdre centenaire et la magie selon le mouvement des sphères dans des yeux aveugles. Déjà les automates se multiplient et rêvent. Dans les cafés, ils demandent vite de quoi écrire, les veines du marbre sont les graphiques de leur évasion et leurs voitures vont seules au Bois. La Révolution... la Révolution... Le réalisme, c'est émonder les arbres, le surréalisme, c'est émonder la vie."" J.-A. BOIFFARD, P. ELUARD, R. VITRAC. " Sources : Wikisource ; Gallica; Une réédition en collection complète paraît en 1975 avec une étude historique en postface de la revue signée Marie-Claire Bancquart. Bibliographie : M. Bonnet & J. Chénieux-Gendron, Revues surréalistes françaises autour d'André Breton, 1948-1972, Kraus, New York, 1982. "La révolution surréaliste : sous le signe du rêve", Télérama, conception du hors-série : Catherine Firmin-Didot ; avec la collaboration de Virginie de La Batut...[et al.], Paris, 2002. - 1 vol. (98 p.) : ill. ; 30 cm. Louis Janover, La Révolution surréaliste, Paris, Plon, 1988 (27-Mesnil-sur-l'Estrée : Impr. Firmin-Didot). - 225 p. ; 23 cm. http://www.andrebreton.fr/fr/item/?GCOI=56600100242831, http://melusine.univ-paris3.fr/Revolution_surrealiste/Revol_surr_index.htm, http://www.universalis-edu.com/encyclopedie/surrealisme-les-revues-surrealistes/ Archives : Le site andrebreton.fr propose un dossier d'archives autour de la revue : compte-rendu de réunion manuscrit, abonnemnts, manuscrits préparatoires d'articles de la revue, photographies d'œuvres picturales de la revue, correspondances. http://www.andrebreton.fr/collections/?collection_id=72 Liens : Encyclopedia Universalis / Site André Breton / Mélusine En ligne : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb34381250f/date.r=la+r%C3%A9volution+surr%C3%A [...] Mercure de France / Alfred Vallette
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Titre : Mercure de France Type de document : texte imprimé Auteurs : Alfred Vallette, Fondateur ; Jules Renard, Fondateur ; Albert Samain, Fondateur ; Remy de Gourmont, Fondateur ; Louis Dumur, Fondateur ; Louis Denise, Fondateur ; Ernest Raynaud, Fondateur ; Edouard Dubus, Fondateur ; Julien Leclercq, Fondateur ; G.-Albert Aurier, Fondateur ; Jean Court, Fondateur ; Georges Duhamel, Directeur de publication ; Jacques Bernard, Directeur de publication ; Paul Hurtmann, Directeur de publication ; Alfred Vallette, Directeur de publication ; Alfred Vallette, Gérant ; Rougier, Imprimeur ; Camille Dillet, Imprimeur ; A. Davy, Imprimeur ; Mercure de France (128, rue d'Alésia, Paris, France), Imprimeur ; Alfred Vallette, Rédacteur en chef Editeur : Paris [France] : Mercure de France Autre Editeur : Librairie Gallimard Langues : Français (fre) Mots-clés : art et littérature, symbolisme, avant-garde Comité de rédaction : Alfred Valette, Jules Renard, Albert Samain, Rémy de Gourmont, Louis Dumur, Louise Denise, Ernest Raynaud, Edouard Dubus, Julien Leclercq, Albert Aurier, Jean Court, Laurent Tailhade, Charles Merki, Gaston Danville, Saint-Pol-Rous, Pierre Quillard, Ferdinand Herold, Raoul Minhar, Rachilde. Périodicité : Mensuelle puis bimensuelle (à partir de 1905). Tirage : 1000 exemplaires selon la notice du dépôt légal de novembre 1893 (imprimerie A. Davy, exemplaire présent sur Gallica http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k105150k/f12.image ) Prix : 40c (1865-1892), 1Fr (1892-1908), 2Fr50c (1920), 3Fr50c (1925), 5Fr (1931), 6Fr50c (1938). Nombre de pages : 32 (1890), 64 (1891), 98 (1892-1894), 130 (1895-1896), 200 (1896-1897), 300 environ (à partir de 1898). Couvertures : Mercure dans les nuées portant ses attributs avec un ruban VIRES ACQUIRIT EVNDO (1890-1938), Caducée apparition de la couleur violet mercuriel appliquée au titre de la revue et l'illustration (à partir de 1948). Illustrations : Illustrations (gravures) en tête ou en fin de certains articles (hors revue du mois), pour combler les vides. Publicités : En fin de revues, peuvent être illustrées (annonces d'éditeurs, de librairies ou de papeteries). Adresse : 15, rue de l'Echaudé - Saint-Germain - Paris (1890-1908)./26, rue de Condé - Paris 6e (à partir de 1908). Numéros parus : Environ 1220. Histoire de la revue : La revue dirigée par Vallette arbore un titre dont l’histoire remonte au XVIIe siècle, avec le « Mercure Galant », créée par Jean Donneau de Visé, paraissant une fois par semaine. La revue avait pour objectif d’informer le public sur divers sujets et de publier des poèmes et des historiettes. Son symbole est celui du dieu Mercure avec son casque ailé et le caducée tenu dans la main de la divinité. Ce motif demeurera le « logo » de la revue. De 1724-1823 la revue devient Le Mercure de France, dédié au roi. La revue cesse d’exister en 1825 ; le titre est repris de 1835 à 1882 par un périodique mensuel. En 1890, une nouvelle revue est fondée sous ce titre par Alfred Vallette avec ses amis symbolistes Jean Moréas, Emile Raynaud, Pierre Arène, Remy de Gourmont, Albert Samain et Charles Cros. Le 1er numéro paraît le 1er janvier 1890 et son succès ne va cesser de croître car le contenu est considéré comme sérieux, ouvert sur les différents arts de l'époque, avec une certaine liberté des propos. La revue publie des textes de jeunes littéraires d’avant-garde. A partir de 1905, la revue devient bimensuelle. Le créateur de la revue se marie avec la romancière Rachilde qui joue un rôle important dans le succès du Mercure de France. Puis la revue lance une maison d’édition pour aider les intellectuels d’avant-garde à faire connaître leurs idées. On y trouve des textes de nombreux auteurs d’avant-garde de l’époque comme des symbolistes, des études d’ouvrages, mais aussi des traduction de textes de Nietzsche. Georges Duhamel reprend la direction de Mercure de France en 1935. Il déclara en 1936 que « Si Le Mercure de France n'existait pas, il y aurait un chaînon qui manquerait dans la suite intellectuelle française. ». Mais envahi par une quantité de travail, il laisse rapidement sa place à Jacques Bernard en 1938. Ce dernier met en place des mesures de collaboration sous l’occupation afin de pouvoir continuer à publier la revue. Mais après la guerre, il sera arrêté puis condamné. Paul Hartman devient le directeur de la revue, ce qui sera un avantage pour la revue grâce à ses collaborations passées dans des revues d’art et de photographies. Tout en remettant en valeur les fonds de la revue, Hartman va également chercher à faire connaître de nouveaux jeunes artistes, ce qui vaut un grand succès pour la revue. En 1958, le Mercure de France est racheté par les éditions Gallimard dirigées par Simone Gallimard. Cette maison d’édition ne va pas modifier les objectifs de la revue et n’hésite pas à remettre en avant les anciennes collections et à en créer de nouvelle. La collection de cette revue a été rapportée aux archives de Blaise Gautier en 2006. Déclaration d’intention : Peut-être ne messied-il point de redire, alors que la Pléiade devient Mercure de France, ce qui a été répondu naguère aux imputations d'une Presse mal avertie, et de défendre par avance notre œuvre contre les appréciations erronées ou maladroites. Il est d’accoutumée, en effet, parmi nos confrères des grands quotidiens, d'infliger l'ironique épithète de décadente à toute publication ou s'essaient de jeunes écrivains aimant l'art, curieux, certes, de formules inédites, mais surtout consciencieux, ayant horreur de la phrase toute faite et du mot banal, du cliché quel qu'il soit. Nullement, d'ailleurs, nous ne nous rébellerions si par décadent nos chroniqueurs cotés n'entendaient charabia, pathos, incohérence, pour avoir étudié le cas en de petites feuilles où, apparemment, l'incohérence, le pathos et le charabia tenaient lieu d'esthétique et de pensée. Mais ces éphémères gazettes furent stériles, et il importe de distinguer entre les humanistes de dix-sept ans qui les rédigeaient, Charlots de lettres vite exténués, et les jeunes laborieux en quête d'une vierge expression du beau et du vrai tels qu'ils les conçoivent en ces temps complexes. Or, au sens que les quotidiens attribuent à cette étiquette, la Pléiade ne fut point décadente, et le Mercure de France ne le sera pas davantage./Mais, pour ne point choir dans la puérile hérésie de forme qu'on sait, il est cependant possible que, sans jamais cesser d'être clairs, nous n'écrivions pas absolument de ce style et sur ces idées qui s'imposent aux auteurs ambitieux d'accaparer tous les suffrages, et qui partant se résignent à une banalité de bon ton. Ils ont évidemment raison au point de vue pratique, et le nombre de ceux qui ont ainsi raison fut toujours de beaucoup le plus considérable ; mais à l'autre point de vue — celui de nos maîtres, sans les nommer — il n'apparaît pas que nous ayons si grand tort. Il y eut bien, voici quelque trente ans, des écrivains réputés maîtres dont l'outil fut la langue bonne fille, lâchée, musarde, que de charitables critiques ne se lassent point de nous offrir comme modèle de la langue classique de France ; encore ceux-là vécurent-ils à une époque autrement bénévole au littérateur que ne l'est ce dernier quart du siècle, en des jours où il était admis qu'on « écrit comme on parle » et où l'on croyait à la « vieille gaîté gauloise ». Mais, depuis cet âge d'or, combien d'illusions mortes ! Outre qu'il faille aujourd'hui, pour être classé quelqu'un, mettre au moins une pensée dans un livre, le nihilisme scientifique et le positivisme de la vie moderne, excessivement dure à l'individu pensant, ont fait de nous des êtres trop peu semblables aux hommes de ces générations pour que nous nous intéressions aux choses où ils se complurent, et que nous les disions aussi verbeusement et avec le même garçonnisme. Il semble que nous sommes nés trop réfléchis, et nous avons dû, en venant au monde, tourner sept fois notre langue avant de pousser ce premier cri qui était comme l'acquiescement à l'existence égoïste, étroite, affairée, vide de toute foi réconfortante, qu'on nous léguait. Si nous portons dans le monde, par instinct de sociabilité, un visage souriant et une certaine bonhomie, il est avéré — presque toutes les productions littéraires et artistiques des hommes nouveaux en témoignent — que notre moi intellectuel sourit bien rarement, dit juste ce qu'il doit dire, sans digressions inutiles, sans flânes ni promenades, si tentantes soient-elles, parmi les idées à côté./Et ce qu'il doit dire, pour peu qu'il soit sincère, ne semble pas précisément conforme aux rabâchages de convention dont on nous sature l'intellect. Un journaliste écouté, point suspect de pessimisme, a pourtant osé cette récente affirmation que « le monde va vers une morale nouvelle ». Il est pertinent qu'en tout, partout, à tous les étages sociaux, il y a évolution rapide, et qu'on ne voit plus aujourd'hui comme on voyait il n'y a pas vingt ans. Mais, soit respect de la tradition, soit flagornerie auprès d'un public inconsciemment hypocrite, la Presse se tait volontiers sur le fond des questions brûlantes. Or, ce que chacun pense et que personne ne formule, ces idées paradoxales et subversives en 1890, codifiées en 1900, il nous serait agréable d'en écrire. Œuvre de démolisseurs, soit ; mais quand l'écroulement final de la maison n'est plus qu'une affaire d'heures, n'y point aider prouverait qu'on n'en désire point la reconstruction prochaine./Aussi, des trois buts que peut se proposer un périodique littéraire — ou gagner de l'argent, ou grouper des auteurs en communion d'esthétique, formant école et s'efforçant au prosélytisme, ou enfin publier des œuvres purement artistiques et des conceptions assez hétérodoxes pour n'être point accueillies des feuilles qui comptent avec la clientèle — c'est ce dernier que nous avons choisi, nous connaissant du reste trop déplorables spéculateurs pour espérer la métamorphose de nos écrits en or, et sachant introuvables en cette transitoire période que nous traversons les éléments d'une école littéraire./Au surplus, qu'on me permette de le rappeler, cet article est une simple précaution contre d'adventices erreurs de jugement, et n'a aucune tendance à s'ériger en programme : chacun est ici absolument libre, responsable de ses seuls dires et point solidaire du voisin. Je ne veuille pas non plus avancer que nous serons toujours originaux, présomption juvénile dont nous sommes tout à fait incapables. — Mais si dans notre collection, pourtant, se révèle çà et là une œuvre d'art originalement conçue et parfaitement eurythmique, nous n'aurons pas été inutiles, ayant intéressé non le public, indifférent en ces matières, du moins les artistes ; et si d'aventure, en morale, il se rencontrait dans nos pages une vérité neuve où quelque idée d'avant-garde, nous aurions justifié notre titre — un peu prétentieux sans doute, mais dont l'archaïsme nous plaît. Sources : Gallica.fr, Googlebooks. Bibliographie : Brandimbourg (Georges), « L'avenir littéraire, les hommes d'aujourd'hui », Au Balcon, n°6, juin 1995. Kerbellec (Philippe G.), Vergne (François), « Hommage au Mercure », Diagraphe, Editions Mercure de France, n°73, mars 1995. Marfée (Aurélien), Saint-Brice (Léopold), « Centenaire du Mercure de France », A Rebours, Numéro spécial 50, printemps 1990 Liens : http://www.remydegourmont.org/ / http://www.gallica.bnf.fr/ / http://www.mercuredefrance.fr/ / http://www.abebooks.fr / http://www.biblimonde.com/ / http://www.formationpatrimoinetroyes.fr/mercurewiki/, / http://www.tybalt.pagesperso-orange.fr/LesRevues/ / www.sources.wikipedia.org/ [périodique] Voir les bulletins disponibles Rechercher dans ce périodique Mercure de France [texte imprimé] / Alfred Vallette, Fondateur ; Jules Renard, Fondateur ; Albert Samain, Fondateur ; Remy de Gourmont, Fondateur ; Louis Dumur, Fondateur ; Louis Denise, Fondateur ; Ernest Raynaud, Fondateur ; Edouard Dubus, Fondateur ; Julien Leclercq, Fondateur ; G.-Albert Aurier, Fondateur ; Jean Court, Fondateur ; Georges Duhamel, Directeur de publication ; Jacques Bernard, Directeur de publication ; Paul Hurtmann, Directeur de publication ; Alfred Vallette, Directeur de publication ; Alfred Vallette, Gérant ; Rougier, Imprimeur ; Camille Dillet, Imprimeur ; A. Davy, Imprimeur ; Mercure de France (128, rue d'Alésia, Paris, France), Imprimeur ; Alfred Vallette, Rédacteur en chef . - Paris (15, rue de l'Echaudé, 75000, France) : Mercure de France : [S.l.] : Librairie Gallimard.
Langues : Français (fre)
Mots-clés : art et littérature, symbolisme, avant-garde Comité de rédaction : Alfred Valette, Jules Renard, Albert Samain, Rémy de Gourmont, Louis Dumur, Louise Denise, Ernest Raynaud, Edouard Dubus, Julien Leclercq, Albert Aurier, Jean Court, Laurent Tailhade, Charles Merki, Gaston Danville, Saint-Pol-Rous, Pierre Quillard, Ferdinand Herold, Raoul Minhar, Rachilde. Périodicité : Mensuelle puis bimensuelle (à partir de 1905). Tirage : 1000 exemplaires selon la notice du dépôt légal de novembre 1893 (imprimerie A. Davy, exemplaire présent sur Gallica http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k105150k/f12.image ) Prix : 40c (1865-1892), 1Fr (1892-1908), 2Fr50c (1920), 3Fr50c (1925), 5Fr (1931), 6Fr50c (1938). Nombre de pages : 32 (1890), 64 (1891), 98 (1892-1894), 130 (1895-1896), 200 (1896-1897), 300 environ (à partir de 1898). Couvertures : Mercure dans les nuées portant ses attributs avec un ruban VIRES ACQUIRIT EVNDO (1890-1938), Caducée apparition de la couleur violet mercuriel appliquée au titre de la revue et l'illustration (à partir de 1948). Illustrations : Illustrations (gravures) en tête ou en fin de certains articles (hors revue du mois), pour combler les vides. Publicités : En fin de revues, peuvent être illustrées (annonces d'éditeurs, de librairies ou de papeteries). Adresse : 15, rue de l'Echaudé - Saint-Germain - Paris (1890-1908)./26, rue de Condé - Paris 6e (à partir de 1908). Numéros parus : Environ 1220. Histoire de la revue : La revue dirigée par Vallette arbore un titre dont l’histoire remonte au XVIIe siècle, avec le « Mercure Galant », créée par Jean Donneau de Visé, paraissant une fois par semaine. La revue avait pour objectif d’informer le public sur divers sujets et de publier des poèmes et des historiettes. Son symbole est celui du dieu Mercure avec son casque ailé et le caducée tenu dans la main de la divinité. Ce motif demeurera le « logo » de la revue. De 1724-1823 la revue devient Le Mercure de France, dédié au roi. La revue cesse d’exister en 1825 ; le titre est repris de 1835 à 1882 par un périodique mensuel. En 1890, une nouvelle revue est fondée sous ce titre par Alfred Vallette avec ses amis symbolistes Jean Moréas, Emile Raynaud, Pierre Arène, Remy de Gourmont, Albert Samain et Charles Cros. Le 1er numéro paraît le 1er janvier 1890 et son succès ne va cesser de croître car le contenu est considéré comme sérieux, ouvert sur les différents arts de l'époque, avec une certaine liberté des propos. La revue publie des textes de jeunes littéraires d’avant-garde. A partir de 1905, la revue devient bimensuelle. Le créateur de la revue se marie avec la romancière Rachilde qui joue un rôle important dans le succès du Mercure de France. Puis la revue lance une maison d’édition pour aider les intellectuels d’avant-garde à faire connaître leurs idées. On y trouve des textes de nombreux auteurs d’avant-garde de l’époque comme des symbolistes, des études d’ouvrages, mais aussi des traduction de textes de Nietzsche. Georges Duhamel reprend la direction de Mercure de France en 1935. Il déclara en 1936 que « Si Le Mercure de France n'existait pas, il y aurait un chaînon qui manquerait dans la suite intellectuelle française. ». Mais envahi par une quantité de travail, il laisse rapidement sa place à Jacques Bernard en 1938. Ce dernier met en place des mesures de collaboration sous l’occupation afin de pouvoir continuer à publier la revue. Mais après la guerre, il sera arrêté puis condamné. Paul Hartman devient le directeur de la revue, ce qui sera un avantage pour la revue grâce à ses collaborations passées dans des revues d’art et de photographies. Tout en remettant en valeur les fonds de la revue, Hartman va également chercher à faire connaître de nouveaux jeunes artistes, ce qui vaut un grand succès pour la revue. En 1958, le Mercure de France est racheté par les éditions Gallimard dirigées par Simone Gallimard. Cette maison d’édition ne va pas modifier les objectifs de la revue et n’hésite pas à remettre en avant les anciennes collections et à en créer de nouvelle. La collection de cette revue a été rapportée aux archives de Blaise Gautier en 2006. Déclaration d’intention : Peut-être ne messied-il point de redire, alors que la Pléiade devient Mercure de France, ce qui a été répondu naguère aux imputations d'une Presse mal avertie, et de défendre par avance notre œuvre contre les appréciations erronées ou maladroites. Il est d’accoutumée, en effet, parmi nos confrères des grands quotidiens, d'infliger l'ironique épithète de décadente à toute publication ou s'essaient de jeunes écrivains aimant l'art, curieux, certes, de formules inédites, mais surtout consciencieux, ayant horreur de la phrase toute faite et du mot banal, du cliché quel qu'il soit. Nullement, d'ailleurs, nous ne nous rébellerions si par décadent nos chroniqueurs cotés n'entendaient charabia, pathos, incohérence, pour avoir étudié le cas en de petites feuilles où, apparemment, l'incohérence, le pathos et le charabia tenaient lieu d'esthétique et de pensée. Mais ces éphémères gazettes furent stériles, et il importe de distinguer entre les humanistes de dix-sept ans qui les rédigeaient, Charlots de lettres vite exténués, et les jeunes laborieux en quête d'une vierge expression du beau et du vrai tels qu'ils les conçoivent en ces temps complexes. Or, au sens que les quotidiens attribuent à cette étiquette, la Pléiade ne fut point décadente, et le Mercure de France ne le sera pas davantage./Mais, pour ne point choir dans la puérile hérésie de forme qu'on sait, il est cependant possible que, sans jamais cesser d'être clairs, nous n'écrivions pas absolument de ce style et sur ces idées qui s'imposent aux auteurs ambitieux d'accaparer tous les suffrages, et qui partant se résignent à une banalité de bon ton. Ils ont évidemment raison au point de vue pratique, et le nombre de ceux qui ont ainsi raison fut toujours de beaucoup le plus considérable ; mais à l'autre point de vue — celui de nos maîtres, sans les nommer — il n'apparaît pas que nous ayons si grand tort. Il y eut bien, voici quelque trente ans, des écrivains réputés maîtres dont l'outil fut la langue bonne fille, lâchée, musarde, que de charitables critiques ne se lassent point de nous offrir comme modèle de la langue classique de France ; encore ceux-là vécurent-ils à une époque autrement bénévole au littérateur que ne l'est ce dernier quart du siècle, en des jours où il était admis qu'on « écrit comme on parle » et où l'on croyait à la « vieille gaîté gauloise ». Mais, depuis cet âge d'or, combien d'illusions mortes ! Outre qu'il faille aujourd'hui, pour être classé quelqu'un, mettre au moins une pensée dans un livre, le nihilisme scientifique et le positivisme de la vie moderne, excessivement dure à l'individu pensant, ont fait de nous des êtres trop peu semblables aux hommes de ces générations pour que nous nous intéressions aux choses où ils se complurent, et que nous les disions aussi verbeusement et avec le même garçonnisme. Il semble que nous sommes nés trop réfléchis, et nous avons dû, en venant au monde, tourner sept fois notre langue avant de pousser ce premier cri qui était comme l'acquiescement à l'existence égoïste, étroite, affairée, vide de toute foi réconfortante, qu'on nous léguait. Si nous portons dans le monde, par instinct de sociabilité, un visage souriant et une certaine bonhomie, il est avéré — presque toutes les productions littéraires et artistiques des hommes nouveaux en témoignent — que notre moi intellectuel sourit bien rarement, dit juste ce qu'il doit dire, sans digressions inutiles, sans flânes ni promenades, si tentantes soient-elles, parmi les idées à côté./Et ce qu'il doit dire, pour peu qu'il soit sincère, ne semble pas précisément conforme aux rabâchages de convention dont on nous sature l'intellect. Un journaliste écouté, point suspect de pessimisme, a pourtant osé cette récente affirmation que « le monde va vers une morale nouvelle ». Il est pertinent qu'en tout, partout, à tous les étages sociaux, il y a évolution rapide, et qu'on ne voit plus aujourd'hui comme on voyait il n'y a pas vingt ans. Mais, soit respect de la tradition, soit flagornerie auprès d'un public inconsciemment hypocrite, la Presse se tait volontiers sur le fond des questions brûlantes. Or, ce que chacun pense et que personne ne formule, ces idées paradoxales et subversives en 1890, codifiées en 1900, il nous serait agréable d'en écrire. Œuvre de démolisseurs, soit ; mais quand l'écroulement final de la maison n'est plus qu'une affaire d'heures, n'y point aider prouverait qu'on n'en désire point la reconstruction prochaine./Aussi, des trois buts que peut se proposer un périodique littéraire — ou gagner de l'argent, ou grouper des auteurs en communion d'esthétique, formant école et s'efforçant au prosélytisme, ou enfin publier des œuvres purement artistiques et des conceptions assez hétérodoxes pour n'être point accueillies des feuilles qui comptent avec la clientèle — c'est ce dernier que nous avons choisi, nous connaissant du reste trop déplorables spéculateurs pour espérer la métamorphose de nos écrits en or, et sachant introuvables en cette transitoire période que nous traversons les éléments d'une école littéraire./Au surplus, qu'on me permette de le rappeler, cet article est une simple précaution contre d'adventices erreurs de jugement, et n'a aucune tendance à s'ériger en programme : chacun est ici absolument libre, responsable de ses seuls dires et point solidaire du voisin. Je ne veuille pas non plus avancer que nous serons toujours originaux, présomption juvénile dont nous sommes tout à fait incapables. — Mais si dans notre collection, pourtant, se révèle çà et là une œuvre d'art originalement conçue et parfaitement eurythmique, nous n'aurons pas été inutiles, ayant intéressé non le public, indifférent en ces matières, du moins les artistes ; et si d'aventure, en morale, il se rencontrait dans nos pages une vérité neuve où quelque idée d'avant-garde, nous aurions justifié notre titre — un peu prétentieux sans doute, mais dont l'archaïsme nous plaît. Sources : Gallica.fr, Googlebooks. Bibliographie : Brandimbourg (Georges), « L'avenir littéraire, les hommes d'aujourd'hui », Au Balcon, n°6, juin 1995. Kerbellec (Philippe G.), Vergne (François), « Hommage au Mercure », Diagraphe, Editions Mercure de France, n°73, mars 1995. Marfée (Aurélien), Saint-Brice (Léopold), « Centenaire du Mercure de France », A Rebours, Numéro spécial 50, printemps 1990 Liens : http://www.remydegourmont.org/ / http://www.gallica.bnf.fr/ / http://www.mercuredefrance.fr/ / http://www.abebooks.fr / http://www.biblimonde.com/ / http://www.formationpatrimoinetroyes.fr/mercurewiki/, / http://www.tybalt.pagesperso-orange.fr/LesRevues/ / www.sources.wikipedia.org/